Sabrina Gruss hante notre monde de ses créatures d’un autre univers. C’est une danse avec la mort, un jeu de Vanités qui sème un sourire tendre et ironique, un ballet de coquets squelettes parés pour l’ultime fête. Glaneuse du néant, elle extirpe des landes, des lieux abandonnés et des fourrés racines, crânes d’oiseaux, coquilles vides, os sans sépulcre, dans le secret de son atelier elle se livre à de surprenantes résurrections : rat à tête humaine en tutu constellé de crânes minuscules, un compère à longue queue surgit d’une boîte où gisent, abandonnés peut-être, des poupons ; royale, éternelle Parque, Méduzine dévoile ses charmes sulfureux la tête enrubannée d’un serpent, un rabbin entre en scène, rescapé des tréfonds de son grenier hanté. Personnages décharnés, parés des vestiges chagrins d’une autre vie, ils bringuebalent leurs os et « presque tous ont quitté la chemise de peau… » tels les Pendus de Rimbaud.